News

NewsL'agenda caché de Yvan Mayeur : décodage

L'agenda caché de Yvan Mayeur : décodage

Beaucoup d'observateurs de la vie politique à Bruxelles se demandent quelle est au juste la stratégie suivie par Yvan Mayeur en matière de piétonnier : où va-t-on réellement et surtout à quelle allure ?

La stratégie de Yvan Mayeur est simple : gagner du temps, faire le gros dos, ne pas réagir aux attaques, éviter les retombées presse négatives, tromper son monde par des slogans ou des statistiques prétendument "écolo" sur l'air pur ou le "piéton-roi"...

Pendant ce temps, il laisse lentement mais délibérément pourrir la situation, par exemple en ne collectant plus les immondices, ce qui paraissait en septembre 2015 incompréhensible, ou en laissant le Métropole agoniser des mois durant.

Car Yvan Mayeur sait pertinemment que les commerces bruxellois vont souffrir et même disparaître : c'est tellement évident, puisque les gros travaux du piétonnier n'ont même pas encore commencé et dureront un à deux ans !

Durant cette période — qui se situe donc dans le futur —, même les livraisons deviendront impossibles et les prix de l'immobilier s'effondreront complètement.

Les "tentatives" pour faire revenir les clients dans le centre-ville sont toujours réalisées avec retard et d'un manière tellement discrète ou naïve qu'elles ne peuvent avoir d'effet réel sur la situation des commerçants.

La mauvaise desserte — disons même la desserte aberrante — du centre-ville de Bruxelles par la STIB s'explique de la même manière.

Il est de notoriété publique que les commerçants propriétaires de leurs locaux sont d'ores et déjà "sondés" téléphoniquement* quant à leur intention de vendre leur bien : cela permet de constituer un intéressant cadastre privé.

Voilà donc pourquoi Yvan Mayeur ne réagit pas ou très peu aux critiques voire aux insultes dont il est l'objet : il a un "agenda caché" et ne peut sous aucun prétexte le bousculer.

Mais, mais... des événements imprévus ont eu lieu qui ont perturbé cette belle stratégie et exacerbé prématurément le mécontentement des commerçants du centre de Bruxelles.

Ces événements sont le lockdown de novembre 2015, puis l'affaire des tunnels en janvier 2016 et surtout les attentats de mars**.

Les pertes de chiffres d'affaires subies actuellement ne sont donc rien comparé à ce qui attend les commerçants et surtout les restaurateurs, puisque bientôt même un piéton aura du mal à évoluer sur le piétonnier.

Après, surgira un environnement commercial tout à fait différent de l'ancien*** et Yvan Mayeur pourra — tel Néron — s'installer dans son palais de Brucity à 150 millions d'euros érigé sur les décombres du parking 58 : tout un symbole !

Ce nouvel environnement commercial sera essentiellement composé des mêmes enseignes de luxe qu'au centre de Londres, Paris ou Berlin, et les touristes chinois — qui ne sont de toute façon pas motorisés — pourront faire leur "fun shopping" dans la vaste cuvette piétonnière située en contrebas de la Grand-Place, la déclivité du terrain les y entraînant naturellement.

Que, dans ce contexte, le Cécila soit là ou non n'a plus aucune espèce d'importance, puis de toute manière les grandes enseignes comporteront des entreprises de restauration : le Cécila sera tout simplement remplacé par un autre restaurant, plus luxueux mais moins gastronomique.

En revanche, le Comme chez Soi est un symbole important de Bruxelles, et on notera que Yvan Mayeur a soigneusement évité d'y toucher, puisque celui-ci n'est pas englobé dans le piétonnier !

Pourquoi le MR a-t-il exigé que soient creusés quatre nouveaux parkings souterrains dès lors que cette vaste cuvette piétonnière est conçue essentiellement pour des touristes chinois, américains, etc. dépourvus de moyens de locomotion propres ?

Tout simplement parce que le MR ne veut pas exclure de cette soi-disant nouvelle Barcelone les clients belges : ces parkings ne sont donc pas destinés à favoriser les futures grandes enseignes — qui ne votent de toute façon pas —, et encore moins les anciennes qui auront disparu, mais bien les clients bruxellois de souche qui sont beaucoup plus nombreux !

Vous avez dit : Marion Lemesre, l'amie des commerçants bruxellois**** ?

Comme on le voit, l'agenda caché de Yvan Mayeur se lit presque comme un livre ouvert tant ses intentions sont évidentes... et cela donne froid dans le dos.

__________________________

* Les appels proviennent souvent de l'étranger, notamment de Suisse, ce qui est d'ailleurs confirmé par le journal des visites du site pietonnier.brussels

** Si ces malheureux événements ont accéléré le désarroi des commerçants, ils fournissent en revanche à Yvan Mayeur un prétexte dont il ne se fait pas faute de se servir pour disculper son "piétonnier géant".

*** Interview de Boris Dilliès (LLB du 21 avril 2016) : ... on me dit que de grands groupes immobiliers investiraient aux abords, mais ce n’est pas en soi une mauvaise chose. Cela démontre au contraire qu’ils croient au potentiel du centre-ville et du piétonnier à très long-terme. Mais évidemment, cela ne règle aucunement le problème de celui qui doit payer ses charges aujourd’hui dans un tel contexte économique.

**** Dès août 2015, nous avions alerté la majorité sur les inquiétudes des commerçants mais ils nous ont jeté notre enquête à la figure. Ensuite, une enquête de l'agence régionale du Commerce a dressé les mêmes constats... mais rien n'a changé. Nous nous sommes demandé si c'était de l’aveuglement, de l'incompétence... ou autre chose ! Cet autre chose, c'est ce que j'ai appelé en Conseil communal "la stratégie du pourrissement". Ils laissent pourrir tous les commerces le long du piétonnier. Le Collège voudrait que les vendeurs, de pittas notamment, disparaissent dans le futur. Vu que le prix de l'immobilier commercial baisse à cause du piétonnier, cela va donner de l'appétit à de grands promoteurs immobiliers qui vont venir avec de grands enseignes commerciales. C'est hyper cynique, on ne laisse pas crever des gens avec des employés sans leur tendre la main. Mais même cette stratégie ne marche pas ! Les attentats, le lockdown, les tunnels fermés font que plus personne ne va pas dans le centre. Résultat : même les grands compagnies immobilières ne sont pas prêtes à investir tant qu'elles n'ont pas de garanties sur le futur. Or, la ville ne donne pas de garantie ! Aucune mesure n'est prise ! (Hamza Fassi-Fihri, LLB du 21 avril 2016)

49Dd957E 055A 11E6 9F2C 74001323Ea5D Original
Previous Page Next Page